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Les apprenants du 21e siècle

Ce billet porte sur mon opinion bien personnelle des étudiants d'aujourd'hui ou de demain. Il y a de fortes chances que j'aie tort et toute personne lisant ce texte est amenée à bien vouloir me contredire. Notez également que mon angle d'approche concerne les technologies et ignore de multiples autres facettes de l'enseignement.

À cette question bien complexe : Est-ce que l’université est capable de s’adapter aux apprenants du 21e siècle ?, je réponds simplement : non. Ou du moins, pour nuancer, je crois qu'aussi longtemps que les technologies vont progresser a un rythme effréné il sera très difficile pour les professeurs d'être « à jour ». Je ne connais pas les statistiques sur l'usage des technologies par les professeurs et il est certain que de nombreux professeurs se sont adaptés aux nouvelles technologies. Mais un « digitial immigrant » sera toujours par définition un « immigrant ». Il s'agira toujours pour lui d'une adaptation que d'utiliser dans son enseignement des technologies. Car il ne suffit pas de les utiliser, mais également de bien les utiliser de façon à 
réellement aider à l'apprentissage des étudiants. Je ne jette cependant pas la pierre aux professeurs. Il faut comprendre que nous sommes dans un moment « privilégié » de notre existence où une génération plus récente peut posséder beaucoup de connaissances que ne possède pas la génération avant elle. Il n'est pas dit dans le texte de Prensky de quelle génération il est question lorsqu'il utilise les étiquettes « digital natives » et « digital immigrants ». Amusons-nous à le deviner (les dates qui suivent sont les dates généralement admises) : assurément les baby-boomers (nés entre 1945-1960) sont des « immigrants ». Je serais porté à dire que les X (1960-1975) le sont également. Prensky doit donc parler des Y (1975-1995) comme étant les « digital natives », son texte ayant été écrit au tournant des années 2000. Et on ne peut douter qu'en 2000, un adolescent de 15 ans ou un jeune adulte de 20 ans, tous deux nés après 1980, était plus à l'aise avec les technologies que quelqu'un né en 1960 où la télévision n'avait pas encore 10 ans. On peut alors se questionner s'il est réaliste de demander, au moment où Prensky a écrit son texte, à un professeur de 50 ans, qui a vu la télévision passée de noir à couleur, d'enseigner efficacement à l'aide de technologies à des jeunes qui ont vu le transfert les téléphones de maison à des téléphones intelligents. En d'autres mots, les technologies qui évoluent à un rythme beaucoup plus rapide que le temps qu'il faut pour bâtir ou modifié un cours, difficile alors de suivre la parade.

Le plus intéressant de ces réflexions est qu'elles n'incluent pas encore les Z (1995-?). Alors qu'on pourrait penser que je suis un « digital native » selon Prensky, étant né en 1990, je constate qu'il y a une immense différence entre mon usage des technologies et celle de la génération Z avec qui je travaille quotidiennement. Le texte de Prensky devient en effet, je crois, relatif si on inclut les Z. Car il n'y a aucun doute que comparé aux Z, je suis un immigrant. D'abord je n'ai moi-même eu de cellulaire qu'après le secondaire. Ce cellulaire n'était, de plus, en rien intelligent. Je ne pouvais flâner sur ce dernier pendant des heures. Je ne pouvais aller sur Internet et n'avais aucune application comme Instagram et Snapchat. Au contraire aujourd'hui, les jeunes de 12-13 du secondaire ont pour la grande majorité un téléphone. Mais surtout, celui est intelligent : les jeunes ont donc accès aux mêmes fonctionnalités que moi, bien qu'ils aient 10 ans de moins que moi. Or, de la même façon que ma génération a comblé son goût d'innovation en voyant progresser les téléphones à un rythme fou, en voyant de multiples fonctionnalités apparaître et en voyant la vitesse d'exécution des technologies augmentées, les Z ont besoin de combler ce besoin d'innovation. Ils développent donc des façons d'utiliser des applications que la génération avant eux ne connait pas. Connaissez-vous ce que c'est d'avoir un « Funsta »? Avez vous plusieurs « suites » de Snapchat qui confirment que vous avez envoyé au moins un snapchat a la même personne pendant 200 jours consécutifs? En ce qui me concerne je suis a des années-lumière de cette utilisation des technologies et suis sans contredit pour les Z un « digital immigrant ».

Ce long détour me permet de faire un lien avec le monde de l'éducation. Assurément nous n'enseignerons jamais à l'aide de Snapchat qui n'est en rien conçu pour cela. Mon point central demeure cependant qu'il est énormément difficile que de s'adapter aux nouvelles technologies ou de les utiliser de la même façon que la génération en dessous de nous le fait. Cela n'est pas nécessairement mauvais, l'utilisation que font les Z des technologies n'est pas toujours enviable. Il n'est pas non plus certain que plus de technologies dans les classes est souhaitable, ni pour les enseignants ni pour les jeunes. Mais ces étudiants sont présentement au secondaire et ont même déjà commencé le Cégep. Ils seront à l'Université demain. Et ils ont leur réalité propre à eux. Nous étions auparavant stimulés par un professeur qui utilisait PowerPoint, car cela détonnait avec le midi que nous venions de passer à jouer au soccer. Aujourd'hui tous les professeurs de l'école secondaire où je travaille utilisent PowerPoint. Qu'en pensent les étudiants? Rien, il s'agit pour eux que d'une banalité face aux multiples vidéos qu'ils ont regardés pendant leur pause. Les professeurs se sont donc adaptés, mais pas assez rapidement : pour les Z il s'agit d'une banalité.

Que peut-on faire en tant que futur professeur? Assurément ayant déjà une bonne base avec les technologies, les professeurs de demain pourraient plus facilement naviguer avec les nouvelles découvertes de que le faisaient les professeurs il y a 30 ans. Je crois simplement, pour répondre à la question, qu'il est très difficile de s'adapter aux nouveaux étudiants, en raison des constantes avancées technologiquement. Cela ne signifie cependant pas qu'on ne peut pas être un bon enseignant. Il suffit de rester ouvert aux nouvelles possibilités, d'essayer d'innover un peu. Car après tout, les technologies ne détiennent pas le monopole de l'enseignement.

Une vidéo de 15 minutes sur Youtube aborde le lien entre les « Millennials » (que j'ai appelé ici les Y), la technologie (surtout le téléphone) et le marché du travail. Il termine avec un message qui s'adresse également aux enseignants, je crois. À noter que selon mon opinion bien personnelle, ce vidéo décrit mieux les Z que les Y. 

Commentaires

  1. Bonjour Antoine,

    Ta réflexion personnelle rend clairement compte de la manière dont tu vois les étudiants d'aujourd'hui et de demain. Difficile de ne pas partager ce point de vue de même que celui concernant la posture des profs. Les générations de profs à venir auront de grands défis à relever, car il est probable que cette évolution des techno rendra la salle de classe, telle que nous la voyons maintenant, complètement obsolète...

    Louise

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