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La FAD et les MOOC en philosophie

Ayant une maîtrise en philosophie et ayant longuement réfléchi à cette possibilité que j'enseigne un jour la philosophie au CÉGEP, je ferai ce présent billet portant sur la FAD et les MOOC en prenant comme terrain l'enseignement de la philosophie, mais au BAC pour rester dans le thème du cours.

Il faut mentionner d'abord que le BAC en philosophie à l'Université de Montréal est bâti avant tout sur un enseignement traditionnel où il y a absence de technologie. Que très peu de professeurs, pendant les années où j'y étais (entre 2010 et 2013), utilisaient une forme de technologie, que ce soit pour enseigner en classe ou encore comme plateforme de diffusion (Studium). De plus, l'enseignement est entièrement dispensé par exposés magistraux et je n'ai expérimenté aucune forme d'activité d'apprentissage active. Bien que les choses tendront certainement à changer dans les années à venir avec la venue de nouveaux enseignants, il s'agit tout de même d'un domaine traditionnel qui préconise un enseignement traditionnel. Après tout, tous les cours du BAC en philosophie à l'Université de Montréal tendent à développer une compétence principale : comprendre (les oeuvres et la pensée de grands auteurs). Il est donc normal que tous ces cours soient structurés de la même façon : lecture à la maison suivie d'explications théoriques du professeur en classe. Or, l'état des choses étant établi, je crois que l'on peut trouver un fort potentiel en philosophie pour la FAD et un MOOC :

  1. Tel que tout juste mentionné, en temps normal, le gros du travail à la maison consiste à lire des textes de première main, ce qu'il demeure important de faire en philosophie. Cette partie demeurait donc inchangée en FAD. 
  2. Ensuite, le temps en classe est consacré à l'explication, par l'enseignant, du texte qui a été lu préalablement au cours. Cette partie pourrait certainement être faite à distance et même être bonifiée par cette transposition. En effet, les explications de l'enseignant sont bien souvent trop complexes pour être comprises en classe. La transposition de celles-ci en vidéo pourrait minimalement permettre à chaque étudiant d'aller à son rythme et de les écouter dans les conditions qui lui conviennent. De cours articles  d'explication des grands textes pourraient également être fournis aux étudiants, la littérature secondaire portant sur les grands philosophes étant souvent abondante.
  3. Ensuite, les questions dans les cours de philosophie auxquels j'ai assisté sont quasi inexistantes, parfois car les professeurs ne veulent pas qu'on les interrompre dans leur argumentaire, parfois car les étudiants n'ont pas le temps de réaliser ce qu'ils ne comprennent pas. Une FAD n'enlèverait donc pas cet élément « d'interaction » entre l'enseignant et les étudiants. Au contraire, de nombreuses questions, surtout de compréhension et d'interprétation, peuvent survenir à la lecture de textes philosophiques et pourraient être posées sur un forum au professeur qui pourrait prendre son 3h habituellement réservé à l'enseignement pour répondre à ces dernières. Nous pourrions ainsi créer de la présence à distance tel que l'entend Jézégou (2010).
  4. Ce forum pourrait également permettre aux étudiants de discuter entre eux de leurs interprétations respectives, élément important si l'on considère que la matière est souvent trop dense pour qu'un seul étudiant en comprenne toutes les particularités. La plupart de mes sessions d'étude avant les examens se sont déroulées avec des collègues, l'échange avec ces derniers permettant de noter des éléments qui n'avaient pas été perçus au départ.
Ces 4 points établis je crois qu'un cours au BAC en philosophe se transformerait facilement pour devenir à distance. Un tel cours pourrait également être accessible facilement à un grand nombre de personnes, les ressources étant facilement accessibles : les textes de première main sont peu couteux et de nombreux articles sont disponibles dans les banques des bibliothèques. De plus, une formule telle que rapidement décrite, ne demanderait pas énormément de travail sur le plan du « design pédagogique », puisque la structure du cours ne serait pas fondamentalement modifiée (au moins dans sa première mouture) mis à part la production de quelques capsules vidéos. Des jeux-questionnaires pourraient également être mis en place, permettant de tester la compréhension des élèves au fur et à mesure de leur apprentissage. Évidemment, tel que décrit ici il faudrait parler de xMOOC, c'est-à-dire d'un MOOC transmissif qui « reprend les caractéristiques d'un enseignement transmissif traditionnel (Charlier 2014). Or, ce MOOC transmissif permettrait peut-être à un plus grand nombre de personnes de lire des textes de philosophies, textes qui intéressent bien souvent un grand nombre de personnes, mais souvent insuffisament pour que ces dernières se déplacent et passent 3h en classe. Un tel MOOC pourrait au fil du temps se complexifier, voire s'améliorer, de différentes façons, de façon à permettre le développement de compétences plus poussées, ne serait-ce que l'esprit critique ou la capacité d'analyse des étudiants. Mais pour se faire, il faudrait peut-être d'abord changer la structure des cours en présentiel du département de philosophie, ce qui est loin d'être fait.

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Charlier, B. (2014). Les MOOC : une innovation à analyser. Distances et médiations des savoirs, 5.

Jézégou, A. (2010). Créer de la rpésence à distance en E-Learning. Distance et savoirs, p. 257-274


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