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La FAD un moyen et non un but

J'aimerais revenir sur les chapitres de la meta-analyse « Evaluation of Evidence-Based Practices in Online Learning ». Je suis toujours surpris de voir des résultats aussi mitigés quant à l'apport de l' « Online Learning » par rapport au face à face. Comme si je tenais pour acquis que la FAD ne peut être qu'une amélioration par rapport à l'enseignement plus « traditionnel ». Nous pouvons certainement faire l'hypothèse que la FAD dans sa dernière mouture, c'est-à-dire dans sa version « en ligne » et fortement imprégnée des possibilités qu'offre le WEB 2.0, en est encore à ses balbutiements. Nous n'avons peut-être pas encore trouvé la bonne formule à utiliser pour rendre la FAD aussi efficace qu'elle le devrait. Peut-être a-t-on cru à tort qu'il ne suffirait que d'instaurer une FAD pour que celle-ci modifie ou améliorer l'enseignement et l'apprentissage des étudiants. En d'autres mots, la FAD a peut-être été pris comme une fin en soit  : « faisons de la FAD et tout le monde en ressortira gagnant ».

Or, les textes lus nous ramènent sur terre et nous rappellent que tout n'est pas gagné d'avance. La FAD et le « online learning » doivent être un moyen, un outil pour servir l'apprentissage et l'enseignement : « the studies in this meta-analysis do not demontrate that online learning is superior as a medium » conclue l'étude. On constate de plus l'importance de donner la possibilité aux élèves d'avoir du contrôle sur leur apprentissage et de réfléchir sur ce dernier. Ces deux éléments, faut-il le rappeler, sont tout autant importants en face à face. Ainsi, si la FAD est pour avoir un impact positif ce n'est pas parce qu'elle modifie fondamentalement l'apprentissage et l'enseignement, mais plutôt parce qu'elle offre une nouvelle façon aux étudiants de développer ces mêmes deux éléments : le WEB nous donne aux étudiants de contrôler le rythme de leur apprentissage et d'y réfléchir, mais encore faut-il mettre en place la structure qui permettra aux étudiants de le faire. Il n'est pas surprenant, en ce sens, de constater que l'enseignement hybride dans lequel la présence en classe alterne avec les activités en ligne, à démontrer certains signes d'efficacité : « blended instructions has been more effective, providing a rationale for the effort required to design and implement blended approaches ». La formation hybride permet de varier les activités d'apprentissage et force peut-être l'enseignant à faire un choix d'activité selon le contexte, le contenu à enseigner ou la progression des élèves.  C'est avec cette idée en tête que je tenterai d'insérer la FAD ou l'enseignement hybride dans ma pratique : Les objectifs de mon cours devront être le but que la FAD me permettra d'atteindre. La question  qui me guidera devra être : la FAD peut-elle m'aider à ce que les étudiants atteignent tel objectif et si oui, de quelle façon? 

En terminant, la lecture de ces textes également l'importance de continuer les efforts pour faire de la FAD et de l'enseignement à distance des moyens d'améliorer de façon générale l'expérience d'apprentissage des étudiants. C'est en quelque sorte l'objectif que l'on se fixe tous, je crois, en s'inscrivant dans des programmes comme le PCPUN.

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Means. B. et al. (2010). Evaluation of evidence-based practices in online learning : a meta-analysis and review of online learning studies.

Commentaires

  1. Salut Antoine !

    Je me permets de te féliciter pour la prise de conscience que tu mentionnes dès le premier paragraphe de ton billet. Si j’ai envie de la souligner, c’est parce que la quête d’une méthode d’enseignement révolutionnaire habite encore un trop grand nombre d’enseignants. En présentiel ou à distance, l’apprentissage reste l’apprentissage. Si une modalité ou l’autre peut présenter des avantages pour l’apprentissage de certaines connaissances ou le développement de certaines compétences, soit. Toutefois, comme les textes que nous avons lus le suggèrent, rien ne saurait être plus faux que de croire qu’il s’agirait d’une panacée. D’ailleurs, de nombreux chercheurs mettent en garde contre le désir d’appliquer une méthode ou une stratégie d’enseignement unilatéralement dans les cours.

    Au fond, les questionnements didactiques et pédagogiques qui devraient guider l’enseignement sont les mêmes, qu’il s’agisse d’enseignement en présentiel ou à distance. D’ailleurs, il est tout à fait possible de donner du contrôle aux étudiants sur leur apprentissage et de les amener à réfléchir à ce dernier en classe aussi. Souvent, ce sont les représentations de ce qu’est (ou de ce que doit-être) l’enseignement en présentiel qui limitent la créativité. Ces dernières sont renforcées par la culture des milieux. Pourtant, aux cycles supérieurs, l’enseignant jouit d’une très grande liberté d’action. Cette dernière n’est malheureusement que très peu utilisée (Bizier, 2014 ; Dyke et Deschenaux, 2008), tant il est difficile de faire évoluer des représentations.

    Bref, je te félicite pour cette belle prise de conscience et t’encourage à poursuivre ta réflexion sur tes conceptions de l’enseignement.

    Références

    Bizier, N. (2014). L’impératif didactique, au cœur de l’enseignement collégial. Montréal : Association québécoise de pédagogie collégiale.

    Dyke, N. et Deschenaux, F. (2008). Enquête sur le corps professoral québécois: faits saillants et questions. Montréal : Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université.

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  2. Bonjour,
    Une réflexion très intéressante, j’espère bien que vous aurez la possibilité de vivre l’expérience d’enseignement et que vous intégrez la technologie dans vos enseignements afin de souligner ce que peut apporter l’utilisation des TIC dans l’enseignement de la philosophie.
    Les technologies, peuvent favoriser un engagement cognitif plus actif chez les étudiants lorsqu’elles sont bien choisies et utilisées (Basque et Baillargeon, 2013).
    Personnellement, mes lectures sont orientées vers ce que peut l’innovation technologique m’apporter en innovation pédagogique dans l’enseignement des statistiques. Nous cherchons quelles sont les approches pédagogiques, pouvant être plus efficaces. Sans sous oublier quelles conditions favorisent leurs utilisations. Dans ce cadre, Basque et Baillargeon, (2013, p.1) affirment que « c’est avant tout la combinaison judicieuse des différentes composantes d’un cours qui est garante d’une meilleure efficacité ». Aussi, Jézégou, (2012) montre que l’interaction et la collaboration entre les étudiants, crées lors des activités pédagogiques les rendent plus actifs dans leurs apprentissages et favorisent une meilleure réussite. Il me semble aussi qu’effectivement, faire varier les activités pédagogiques (plus de choix avec la technologie) entraine de réelles différences de résultats entre les deux modes d’enseignement.
    Références:
    Basque, J. et Baillargeon, M. (2013). Le Tableau, Vol.2 - no 1 - La conception de cours à distance. http://pedagogie.uquebec.ca/portail/le-tableau/publications-2013/vol-2-no-1-la-conception-de-cours-a-distance/lenseignement-a-distance.
    Jézégou, A. (2012). Créer de la présence à distance en e-learning. Cadre théorique, définition et dimensions clés. Distances et Savoirs, 8, 257 274.

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